La garantie pour la jeunesse de l’UE n’est-elle que du vent ?

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Les programmes de l’Union européenne (UE) en vue de relancer l’emploi des jeunes échouent, en grande partie parce que les gouvernements européens à court de liquidités ne parviennent pas à les financer, et parce que la difficile conjoncture économique ne permet pas de créer suffisamment d’emplois à l’intention des jeunes, disent les fonctionnaires et les ONG qui appellent à des actions renforcées.

La Garantie pour la jeunesse de l’UE – qui est censée aider les chercheurs d’emploi de moins de 25 ans à trouver un emploi ou une formation en l’espace de quatre mois – n’avait débouché sur aucune nouvelle création d’emploi en mars cette année, d’après un audit de l’UE.

Entretemps, le Parlement européen a approuvé la mise à disposition anticipée d’un milliard d’euros (1,1 milliard USD) cette année pour l’Initiative pour l’emploi des jeunes, concept en place depuis deux ans déjà mais qui n’a pas pu démarrer par manque de contributions nationales.

Mais même cette mesure n’est pas une solution miracle, avertissent des décideurs politiques.

Dans l’ensemble de l’UE, le taux de chômage des jeunes se situe encore autour de 20 % – voire 50 % ou plus dans des pays tels que l’Espagne et la Grèce.

S’il est « positif que l’UE adopte des mesures », les emplois proposés « ne sont pas toujours en rapport avec le domaine d’emploi recherché par la personne », dit Alice Kooij Martinez, chargée de l’emploi et la politique internationale des jeunes au sein de l’organisation belge flamande Ambrassade pour la jeunesse.

« C’est une manière pratique pour les employeurs d’obtenir une main-d’œuvre bon marché », dit-elle à Equal Times. « Et le fait que les gouvernements réduisent le personnel de leurs bureaux pour l’emploi n’aide pas non plus. »

Mais alors la Garantie pour la jeunesse n’est-elle que du vent ? « Un peu, oui, » dit Martinez. « Pour certains jeunes qui veulent opérer leur transition vers une vie indépendante, cela peut être terriblement frustrant. »

Le milliard d’euros mis à disposition par le Parlement européen pour l’Initiative pour l’emploi de jeunes vise à aider les gouvernements en difficulté à s’acquitter de leur part des financements conjoints.

Mais « il ne s’agit pas d’un milliard supplémentaire, il s’agit plutôt d’une mise à disposition anticipée de l’argent à l’intention des États membres », indique la députée européenne Jutta Steinruck, coordinatrice de la Commission de l’emploi et des affaires sociales pour le Groupe des socialistes et démocrates (S&D).

« C’est une pas dans la bonne direction, qui ne doit toutefois pas faire perdre de vue que, d’après les calculs de l’Organisation internationale du travail (OIT), ce sont 21 milliards d’euros qui sont nécessaires pour lutter contre le chômage des jeunes », dit-elle à Equal Times.

L’initiative « ne peut être qu’une composante parmi d’autres. Ce n’est qu’avec un ample programme d’investissement que l’Europe sera capable de lutter contre le chômage des jeunes à long terme », ajoute Steinruck.

 

Travail jeunesse

Alors que les pays affrontent l’austérité, le travail jeunesse – nom donné aux emplois faiblement rémunérés ou en bénévolat pour des ONG – est vu comme une nouvelle manière d’acquérir des compétences par le biais d’une éducation non formelle et d’une formation en milieu de travail.

En début d’année, la Convention européenne sur le travail de la jeunesse a émis une déclaration et lancé une campagne en vue de persuader l’UE de reconnaître le travail jeunesse en tant que qualification professionnelle dans toute l’UE, à l’instar de certains États membres.

« Nous savons qu’à travers le travail jeunesse, les jeunes acquièrent des compétences qui les préparent à affronter le monde. Des compétences-clés comme la construction de relations, le leadership, la confiance en soi et le travail en équipe sont très prisées par les employeurs prospectifs et aident les jeunes à faire leur entrée sur le marché du travail », écrit Johanna Nyman, secrétaire générale du Forum européen de la jeunesse, dans un commentaire paru dans Equal Times.

Mais elle souligne que le travail jeunesse ne peut pas servir de « solution sparadrap » au chômage, à l’exclusion sociale, voire à la radicalisation. « Dans leur recherche d’une solution, il est impératif que les dirigeants et les décideurs politiques ne restent pas confinés aux seuls jeunes et aillent de toute urgence chercher plus loin. Il leur incombe d’envisager la situation macroéconomique plus large et la création d’emplois. »

Pour les groupes de jeunesse, soutenus par Ambrassade, l’urgence est d’atteindre les jeunes qui sont passés à travers les mailles du filet dans les quartiers défavorisés.

« Ils s’efforcent d’entrer en contact avec tous les jeunes qui n’ont pas d’emploi, qui ne sont pas en formation, qui sont devenus invisibles », dit Martinez. « C’est compliqué de les atteindre. Leur stratégie est de les trouver, de prendre soin d’eux, de nouer des liens. »

 

Cet article a été traduit de l’anglais.