Les travailleurs burkinabés entre craintes et espoirs

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Le Burkina Faso, ou « Pays des hommes intègres », a surpris le monde entier en réalisant, en quelques jours seulement, une « insurrection populaire » qui a fait plier le régime de son désormais ex-président Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 1987.

Pendant que des tractations politiques se poursuivent sous l’égide de l’Union africaine (UA), de la Communauté des états de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et des Nations Unies en vue d’une transition démocratique, les travailleurs burkinabés espèrent que ce changement de régime auquel ils ont activement contribué augure de meilleures conditions de vie et de travail.

Cette attente des principales centrales syndicales des travailleurs du Burkina est d’autant plus légitime qu’elles étaient impliquées dans les manifestations qui ont abouti à la démission de l’ancien régime le 31 octobre 2014.

En effet, à 48 heures du jour où Blaise Compaoré a perdu le pouvoir, la Coalition contre la vie chère (CCVC) avait appelé à une journée nationale de manifestations pour réclamer «une éducation de qualité».

C’était le 29 octobre, soit la veille du jour où le parlement burkinabé devait voter la fameuse loi de changement constitutionnel devant permettre à l’ex-président de se maintenir au pouvoir.

De leurs côtés, les organisations des travailleurs burkinabés ont toujours assigné à leur lutte la nécessité d’un changement de système socioéconomique et politique.

Aussi, malgré les nuages d’incertitudes et de craintes liés au risque de voir les militaires confisquer le pouvoir, la « révolution populaire » de la fin du mois dernier est aussi à mettre à l’actif des travailleurs des secteurs public et privé.

Dans sa grande majorité, le mouvement syndical burkinabé n’est pas favorable à l’irruption des militaires à la tête de l’État et adhère au retour à l’ordre constitutionnel et à la présidence de la transition politique par un représentant de la société civile.

Une position qu’il partage avec les partis politiques d’opposition à l’ancien régime.

 

Les priorités des travailleurs

Enseignante dans un des lycées publics de la ville de Ouagadougou, Zata Nana ne cache pas son optimisme.

Pour elle, la situation politique de transition suscite « plutôt de l’espoir que de la crainte ».

Elle se dit confiante que « lorsque cette période difficile sera traversée, les nouvelles autorités prendront en compte les questions de la vie chère. Le règlement du problème du pouvoir d’achat des travailleurs serait un bon baromètre du changement de régime au Burkina Faso ».

Même son de cloche du côté de la Confédération nationale des travailleurs du Burkina (CNTB).

Pour son Secrétaire général Blaise Augustin Hien, les changements attendus devraient se manifester dans trois thèmes majeurs que sont « la lutte contre la pauvreté, la réduction des inégalités sociales et la solution au problème de l’employabilité des jeunes ».

Sa conviction est que l’insurrection populaire entre le 28 au 31 octobre a été rendue possible grâce au courage des jeunes Burkinabés et qu’il serait bon de leur rendre justice en relevant au plus vite les questions d’accès à une éducation de qualité, à des emplois décents et à la santé.

Tel est également le souhait Joseph Tiendrébéogo, Secrétaire général de l’Union nationale du syndicat libre/Forces ouvrières (UNSL/FO) et président en exercice des Centrales syndicales du Burkina (CSB), pour qui les nouvelles autorités de transition et celles qui seront élues devront tout mettre en oeuvre pour « garantir la liberté syndicale ».

En ce qui concerne les « engagements sociaux » auxquelles les futurs dirigeants du pays devront se tenir, ils n’auront plus besoin de chercher longtemps.

« Il leur suffira de référer au cahier des doléances déposées sur la table du (précédent) régime depuis 2012 » dit Tiendrébéogo.

Ces revendications tournent notamment autour d’une demande d’augmentation des salaires de l’ordre de 30% des agents de la Fonction publique et des travailleurs du secteur privé.

This article has been translated from French.