Mexique : l’avenir incertain des travailleurs du pétrole

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Le Syndicat des travailleurs du pétrole de la République du Mexique (Sindicato de Trabajadores Petroleros de la República Mexicana, STPRM) a commencé à préparer le terrain en vue de l’ouverture aux investissements étrangers de diverses branches de la société pétrolière d’État Pemex, dans le cadre de la récente réforme énergétique. Le redéploiement de personnels de plusieurs branches et sites a commencé, la reconduction des contrats temporaires a été stoppée et la requalification des contrats temporaires en contrats permanents pour les travailleurs sur listes d’attentes a été suspendue.

La direction du STPRM, avec à sa tête Carlos Romero Deschamps – exemple éloquent d’un syndicalisme au service du patronat au Mexique [note de l’éditeur] – est allée jusqu’à accepter la quasi-disparition de secteurs d’activités entiers, y compris dans le domaine de la maintenance civile.

Des documents obtenus par le biais de l’Instituto Federal de Acceso a la Información ainsi que des communiqués diffusés par le syndicat à diverses entités révèlent, par ailleurs, que l’entreprise d’État est sur le point de procéder à l’exécution de l’accord administratif syndical 10717-2013 établi aux termes de la convention collective et déposé auprès du Conseil fédéral de conciliation et d’arbitrage (Junta Federal de Conciliación y Arbitraje, JFCA), lequel prévoit la restructuration ou la compression des effectifs dans l’ensemble des unités, plateformes et lieux de travail, y compris les personnels de confiance.

L’accord souscrit en août 2013 – avant la ratification de la réforme énergétique – par Romero Deschamps, qui occupe la direction du syndicat depuis 1996 suite à plusieurs réélections successives, et Emilio Lozoya, directeur général de l’entreprise d’État, prévoit le redéploiement des travailleurs syndiqués et de confiance affectés à des sites en arrêt d’activité. Cependant, dans les cas où un redéploiement en vertu de l’article 20 de la convention s’avérerait impossible et que les travailleurs seraient éligibles à un départ en retraite, les places seront affectées en fonction des besoins.

Ce qui implique des réductions de postes, des changements et des mises en retraite et en retraite anticipée de travailleurs dans diverses branches d’activité.

Selon Silvia Ramos, de l’Unión Nacional de Técnicos y Profesionistas Petroleros (UNTyPP), les conditions sont en train d’être préparées pour l’implantation d’entreprises étrangères et de leurs personnels au sein de l’entreprise pétrolière nationale Pemex et, malgré la mise à l’écart du conseil d’administration de la Pemex du syndicat dirigé par Romero Deschamps, celui-ci continue de faire le sale boulot pour elle.

En conséquence, au cours des derniers mois, les contrats des personnels temporaires ont cessé d’être renouvelés dans divers sites, tandis que le syndicat a lui-même laissé se répandre la rumeur qu’il n’y aurait plus de nouveaux contrats pour eux, et ce à cause de la réforme énergétique. De même, plusieurs sites ont cessé leurs activités, comme dans le cas de la raffinerie pétrochimique Escolín, à Poza Rica, où les techniciens et ingénieurs professionnels ont été invités à démissionner et à signer un nouveau contrat après que l’entreprise Mexicana de Vinilo, propriétaire du site, eût signalé qu’elle ne requerrait désormais plus qu’un tiers des effectifs.

D’après l’UNTyPP, la bousculade entre les transnationales aurait commencé bien avant mais elles [entités nationales] les voulaient propres, autrement dit dépourvues de personnel, comme Repsol qui, dès qu’elle a décroché le projet de Cuenca de Burgos, a mis à la retraite tous les travailleurs avec plus de 20 années d’ancienneté et licencié tous les effectifs employés depuis peu de temps.

À présent, même les listes d’attente pour la requalification des contrats temporaires en contrats permanents ont été suspendues. Ces listes concernent, dans la majorité des cas, de filles ou fils de salariés de l’entreprise qui ont fait preuve d’une assiduité exemplaire durant des années dans l’espoir de décrocher un poste permanent. Les mêmes procédés sont employés dans tous les sites et lieux de travail de l’entreprise. Qui plus est, l’approvisionnement en matières premières de certaines branches d’activités est délibérément interrompu pour justifier la restructuration des effectif avec, pour corollaire, la paralysie et la disparition de secteurs entiers et de services connexes.

L’avenir des travailleurs de la Pemex est d’autant plus incertain que la direction de Romero Deschamps acquiesce à tout et que la réforme énergétique ne prévoit aucune clause garantissant le respect de la convention collective pour les travailleurs, qui pourrait même, tôt ou tard, en arriver à disparaître. Le plus gros problème est que les travailleurs du pétrole ne cotisent ni à la sécurité sociale, ni à l’ISSSTE, et que leurs pensions de retraite sont en danger. Pour l’heure, la sécurité de l’emploi n’existe pas pour ces travailleurs syndiqués vu que la restructuration des effectifs a d’ores et déjà commencé, a indiqué l’UNTyPP.

Dans un entretien avec le quotidien La Jornada, le ministre du Travail et de la Protection sociale, Alfonso Navarrete Pri, a indiqué que la réforme énergétique s’accompagnerait de changements fondamentaux au niveau du STPRM, qui sera tenu d’entreprendre une réforme de ses statuts et devra déposer une nouvelle demande d’enregistrement auprès de l’administration, et qu’il en sera de même pour le Sindicato Único de Trabajadores Electricistas de la República Mexicana (SUTERM).

Source : La Jornada

 

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