Des multinationales minières empoisonnent des communautés péruviennes

 

Deux cas de déversements toxiques survenus en l’espace d’un mois sont venus intensifier le débat concernant le manque de régulation et de contrôle des transnationales minières au Pérou.

Les désastres environnementaux successifs ont contraint le gouvernement péruvien à affirmer son intention de durcir les sanctions contre les industries extractrices qui détruisent le milieu naturel et empoisonnent les communautés locales.

Le 29 août, plusieurs tonnes de déchets toxiques ont contaminé l’un des plus importants cours d’eau du pays, le Rio Huallaga, sur près d’une dizaine de kilomètres.

La fuite provenait de la mine d’Atacocha, propriété de la multinationale brésilienne Votorantim.

L’alerte fut donnée par les habitants des communautés de la zone et fut suivie de l’envoi sur le terrain d’une équipe d’inspection du gouvernement chargée d’investiguer l’accident.

Dans un communiqué, les organisations paysannes ont averti que la pollution a affecté la flore, la faune, de même que les rives de la rivière, qui borde plusieurs localités de la région.

La société en cause ne s’est pas encore prononcée et l’impact du déversement toxique n’a toujours pas été déterminé.

L’année dernière, le site d’Atacocha a rapporté 134,8 millions de chiffre d’affaires à la même société. Votorantim a des investissements dans plus de 20 pays à travers le monde, principalement dans l’extraction minière, la métallurgie, le ciment et le béton.

Le gouvernement avait autorisé la firme à déverser dans la rivière des eaux préalablement soumises à un traitement pour l’élimination de toute trace de résidu toxique comme le cyanure, le sélénium, le mercure, le cadmium, le plomb, le zinc, l’arsénique, le cuivre, le fer, le manganèse, le nickel et l’argent.

Les autorités gouvernementales travaillent sur l’hypothèse d’une « erreur humaine » durant le changement de garde qui, selon elles, aurait été responsable du déversement accidentel de plusieurs tonnes de boue toxique dans le fleuve.

Cinq semaines plus tôt, au moins 350 personnes, dont 69 enfants, ont été contaminées suite à une explosion qui a libéré 45 tonnes de cuivre dans l’atmosphère.

Les témoins disent avoir entendu une puissante déflagration suivie d’un nuage toxique qui a recouvert toute la zone.

L’accident est survenu le 25 juillet dans un pipeline situé à proximité de Santa Rosa de Cajacay, une bourgade de quelque 400 habitants, majoritairement des travailleurs ruraux andins.

Suite à l’explosion, des dizaines de personnes ont été admises à l’hôpital, souffrant de saignements des voies respiratoires, de douleurs d’estomac, de nausées et de vomissements.

Une analyse réalisée par l’agence gouvernementale chargée de la santé et de l’environnement (Censopas) a révélé que deux semaines après l’accident, au moins sept enfants et trois adultes de la localité présentaient toujours des taux élevés de cuivre et de plomb dans le sang.

L’installation appartient à la compagnie minière Antamina, une joint venture qui englobe quatre géants du secteur et dont les actionnaires majoritaires sont les sociétés anglo-australienne BHP Billiton et anglo-suisse Xstrata.

En 2011, Antamina est devenue l’entreprise minière la plus lucrative du Pérou, avec un chiffre d’affaires de 3.384,3 millions de dollars.

La compagnie affirme que l’explosion était de « nature involontaire » et que, suite à l’accident, une opération de nettoyage a été mise en oeuvre et un service de soins médicaux installé sur le site.

« Travailler pour la santé de tous les habitants constitue une priorité dans laquelle nous nous trouvons pleinement engagés », a-t-il indiqué.

Le gouvernement a entamé des investigations sur l’impact environnemental des deux désastres.

Ce n’est qu’à partir des résultats et de l’ouverture d’une procédure administrative que des sanctions pourront être appliquées. C’est un processus qui prend normalement plusieurs mois.

D’après le ministre de l’Environnement, Manuel Pulgar-Vidal, le gouvernement étudie les possibilités de révision des règles pour permettre l’imposition de sanctions préemptives aux sociétés dès le moment ou des irrégularités sont vérifiées.

Les chiffres officiels montrent que 169 conflits sociaux sont actuellement en cours au Pérou, dont la majorité concerne l’industrie minière.

En août, un projet aurifère de plusieurs millions de dollars de la multinationale étasunienne Newmont Corporation dans la région de Cajamarca fut suspendu au terme de trois mois d’actions de protestation menées par des organisations à vocation sociale, les syndicats et les communautés indigènes.

 

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