Les syndicats pressent la nouvelle Commission d’accroître les engagements en matière d’emploi

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Au moment où Jean-Claude Juncker prend les rênes de la Commission européenne, les syndicats et les organisations de la société civile ne savent toujours pas de quelle façon le nouvel exécutif dirigera l’Europe pendant les cinq années à venir.

Au moment où Jean-Claude Juncker prend les rênes de la Commission européenne, les syndicats et les organisations de la société civile ont fait savoir qu’ils avaient toujours des doutes quant à la façon dont le nouvel exécutif dirigera l’Europe pendant les cinq années à venir.

La nouvelle Commission a déjà annoncé plusieurs réformes structurelles, comme l’introduction d’une première vice-présidente et de six autres vice-présidents qui superviseront les activités des autres commissaires.

Du reste, un nouveau portefeuille a vu le jour pour les questions liées à la migration et a été confié, non sans controverses, à l’ancien ministre de la Défense grec, Dimitris Avramopoulos.

L’un des principaux engagements de M. Juncker, avant sa confirmation au poste, a été en faveur d’une série d’investissements publics et privés, étalés sur trois ans et d’une valeur de 300 milliards d’euros, destinés à stimuler l’embauche et la création d’emplois.

Bernadette Ségol, secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats (CES), a salué l’annonce tout en estimant qu’il fallait faire davantage :

« C’est un début, mais ce n’est pas suffisant. La CES suggère un plan d’investissement de 250 milliards d’euros par an pendant dix ans, soit 2 % du PIB de l’Union européenne. Cela permettrait la création de 11 millions de nouveaux emplois dans toute l’Europe. Les 300 milliards d’euros que propose Jean-Claude Juncker représentent 12 % de notre proposition », explique-t-elle.

En outre, selon la secrétaire générale de la CES, il reste beaucoup de questions en suspens à propos du projet de plan d’investissement de la nouvelle Commission :

« Quelles sera la part de nouveaux fonds dans ces 300 milliards d’euros ? Quelle proportion sera consacrée aux investissements publics ? D’où proviendront les investissements privés ? »

Owen Tudor, responsable des relations européennes et internationales au sein de l’organisation britannique TUC, a confié à Equal Times que « si la nouvelle Commission veut gagner la confiance des citoyens européens, elle devra résolument abandonner les mesures d’austérité économiques et cesser de se consacrer exclusivement à l’offre comme cela a été le cas auparavant. »

« La négociation collective doit être rétablie et non affaiblie, le personnel doit avoir davantage d’influence sur son lieu de travail et une croissance durable doit prendre le pas sur la sacro-sainte stabilité. Enfin, je souhaite que Jean-Claude Junker honore sa promesse de promouvoir le dialogue social ».

Fausto Durante, du secrétariat européen de la centrale syndicale nationale italienne CGIL, a pour sa part dit qu’il surveillerait la nouvelle Commission avec circonspection:

« La composition de la nouvelle Commission européenne est le résultat d’une tentative de fusion de différentes positions, mais les rôles principaux ont été attribués aux partis conservateurs. »

« Par exemple, M. Juncker est une figure dominante du Parti populaire européen [de centre droite, pro-européen] et le vice-président en charge des affaires économiques a toujours été un fervent défenseur de l’austérité. »

Pour lui, étant donné ce à quoi ils s’opposent, les syndicats européens doivent être prêts à se mobiliser de toutes les façons nécessaires.

« Si nous ne tournons pas le dos à la façon dont Manuel Barroso a géré la Commission européenne ces dernières années, les eurosceptiques gagneront du terrain et le rêve européen pourrait se briser. »

 

Triple approche

Marion Knappe, de la centrale syndicale nationale allemande DGB, a invité le président Juncker à adopter une triple approche :

« D’abord, la Commission européenne doit intensifier ses efforts pour combattre le chômage des jeunes. La “Garantie européenne pour la jeunesse” n’existe que sur papier. »

« Ensuite, nous avons besoin d’un programme d’investissement favorable à la croissance et à l’emploi en vue de moderniser les infrastructures européennes. »

« Et enfin, nous devons veiller à ce que l’on accorde autant de sérieux aux droits sociaux qu’aux droits économiques, c’est ce que nous appelons une clause de progrès social. »

Lors de son audition devant le Parlement européen, la nouvelle commissaire en charge de l’emploi et des affaires sociales, la Belge Marianne Thyssen, a promis de davantage se concentrer sur les catégories de citoyens européens les plus vulnérables, notamment les personnes ayant des handicaps.

Gary May, un responsable de l’information de l’Union européenne des aveugles a expliqué à l’équipe d’Equal Times qu’en dépit des promesses d’introduction d’un Acte européen sur l’accessibilité en vue de faciliter l’accès aux biens et aux services pour les 80 millions d’Européens handicapés, rien n’avait encore été fait.

« Nous espérons que la nouvelle Commission corrigera cet oubli et qu’elle travaillera avec nous pour garantir la solidité et l’efficacité de ce nouvel Acte. »

Quant à la migration, Michael Diedring, secrétaire général du Conseil européen sur les réfugiés et les exilés (CERE), a déclaré aux journalistes d’Equal Times que puisque le monde est actuellement confronté à la plus grande crise depuis la Deuxième Guerre mondiale, l’Europe doit « prendre sa part de responsabilité et participer à la solution ».

Et de poursuivre : « Nous espérons vivement que la nouvelle Commission européenne, et surtout le nouveau commissaire chargé de la migration, Dimitris Avramopoulos, s’attaquera sérieusement à cet enjeu. »

Enfin, à propos des questions environnementales, Green 10, une alliance d’organisations environnementales européennes, a déclaré qu’elle désirait que la nouvelle équipe prouve qu’elle était à la « hauteur pour relever le défi. »

« L’Europe a besoin de politiques et d’innovations qui bénéficient aux populations tout en étant durables d’un point de vue environnemental, social et économique », a déclaré Angelo Caserta, directeur de Birdlife Europe et président de Green 10.

« Cette dernière décennie, une croissance déréglementée a engendré de l’instabilité économique, des inégalités et une détérioration sans précédent de l’environnement. »

« L’Europe n’a pas besoin que l’on poursuive ces mêmes vieilles politiques et idéologies. »