L’UE tourne le dos à la paix en Colombie

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Le jour-même où l’Union européenne se voyait décerner le prix Nobel de la paix pour son rôle dans l’avancement des droits humains et de la démocratie, des activistes ont remis en cause un traité commercial qui est sur le point d’être conclu entre l’UE, la Colombie et le Pérou.

L’accord de libre-échange (ALE) doit être mis au vote au Parlement européen le mois prochain.

Toutefois, les syndicats de part et d’autre de l’Atlantique ont remis en cause la ratification de ce traité en dénonçant les crimes et la violence à l’encontre de militants colombiens des droits des travailleurs.

 

Depuis avril 2011, 34 syndicalistes ont été assassinés et 485 dirigeants syndicaux ont reçu des menaces de mort pour défendre les droits des travailleurs en Colombie.

Or, le texte du traité avec l’UE, tel qu’il est formulé à l’heure actuelle, ne prévoit pas de conditions préalables liées à la protection de l’environnement et des droits humains.

D’après la Commission européenne, lorsqu’il sera mis intégralement en œuvre, « l’accord de libre-échange permettra aux exportateurs européens de bénéficier d’un allégement annuel de droits de douane d’une valeur de 270 millions d’euros ; il contribuera en outre à une plus grande ouverture des marchés de part et d’autre, de même qu’à la stabilité et la prévisibilité du climat commercial. »

Cependant, un grand nombre d’organisations, de réseaux et de collectivités, en Amérique latine comme en Europe, soutiennent que l’asymétrie entre les économies des deux régions rend ce traité extrêmement défavorable pour les nations d’Amérique latine.

Dans une lettre adressée aux députés européens, les principales organisations syndicales d’Europe et des Amériques ont demandé des engagements légalement contraignants concernant l’amélioration des droits humains et des travailleurs.

« De telles dispositions sont absentes de l’ALE et de sa charte relative au développement durable, qui n’est pas sujette à une procédure de règlement des différends substantielle », signale le document souscrit par la Confédération européenne des syndicats (CES), la Confédération syndicale des travailleuses et travailleurs des Amériques (CSA), la Confédération syndicale internationale (CSI) et Global Unions.

Ces organisations attirent l’attention sur le fait qu’au Pérou, les travailleurs sont également confrontés à des entraves juridiques au libre exercice de leurs droits.

Les licenciements antisyndicaux et le non-respect des conventions collectives et des droits de négociation sont pratiques courantes dans ce pays.

Plusieurs associations d’entreprises européennes se sont félicitées des opportunités créées par l’ouverture des marchés d’Amérique du Sud.

Selon BusinessEurope, l’accord s’avérera particulièrement profitable pour les entreprises européennes des secteurs des finances, de la construction et des télécommunications.

« Si nous tenons à en tirer pleinement parti, nous devons nous concentrer sur la mise en œuvre et l’application de cet accord et d’autres accords.

« En tant que chambres de commerce, nous sommes prêts à jouer un rôle actif en ce sens », a dit Arnaldo Abruzzini, secrétaire général d’EuroChambers.

Au cours d’une réunion syndicale à Bruxelles cette semaine, les principales confédérations syndicales colombiennes et péruviennes ont exprimé leur consternation aux députés européens quant au fait que les travailleurs n’avaient été consultés à aucun moment lors du processus de négociation du traité.

Un accord de libre-échange similaire avait été signé l’année dernière entre les États-Unis et la Colombie, sous réserve de la mise en œuvre d’un Programme d’action sur le travail.

Toutefois, selon les critiques, il n’est parvenu à régler ni les atteintes graves aux libertés syndicales, ni la violence et les menaces continues contre les syndicalistes et les défenseurs des droits humains.