Attaque contre les travailleurs de Nouvelle Zélande

 

Les travailleurs de Nouvelle Zélande font face à une nouvelle attaque contre leurs salaires et leurs conditions de travail. Le gouvernement se propose d’affaiblir la loi sur les relations d’emploi.

Cette intention fait suite aux mesures déjà mises en place par les autorités : réduction des salaires des jeunes, restrictions d’accès aux syndicats, limites du champ d’application des recours contre les licenciements abusifs, élimination de certains droits pour les travailleurs pendant les premiers 90 jours de leur relation d’emploi.

Les dernières changements font partie d’un projet de loi qui sera examiné par le Parlement dans les mois à venir, et font l’objet d’une campagne énergique menée par les syndicats.

Le principal effet de ce projet de loi sera de réduire les salaires et les conditions de travail en affaiblissant les dispositions relatives à la négociation collective.

Les bas salaires ont déjà poussé des milliers de Néozélandais à partir en Australie, l’année dernière ayant connu un record d’émigration. Les changements proposés aggraveront encore la situation.

Nous savons que la négociation collective subit des attaques dans de nombreux pays.

C’est là un comportement caractéristique du gouvernement néozélandais de centre-droite, à l’instar des mesures prises en 1991 avec la pernicieuse loi sur les contrats d’emploi.

Cette dernière proposition de loi nous ramène à une situation très semblable.

La loi sur les relations d’emploi comporte, parmi ses objectifs, la « promotion de la négociation collective ».

Or, la proposition de loi a pour but de saper la négociation collective. La Nouvelle Zélande a par ailleurs ratifié la principale convention de l’Organisation internationale du travail (OIT) concernant la négociation collective.

C’est pourquoi les syndicats vont présenter une plainte à l’OIT.

Qu’entend faire cette législation ?

Permettre aux employeurs de mettre un terme aux négociations quand bon leur semble
En vertu de la loi en vigueur, les employeurs sont tenus de mener à terme un processus de négociation collective, sauf s’ils peuvent invoquer « une raison authentique fondée sur des motifs raisonnables ».

La proposition de loi permettra aux employeurs de dire à tout moment qu’ils ne veulent plus négocier, et les travailleurs n’auront aucun recours.

Les employeurs pourront ne négocier qu’en apparence.

En outre, les employeurs pourront menacer de donner les emplois à d’autres travailleurs durant les négociations, pour obliger ses salariés à plier l’échine.

De surcroît, même lorsqu’un syndicat a entamé les négociations en vue de parvenir à une convention collective, l’employeur peut ouvertement faire état de sa préférence pour des accords individuels, refusant de fait de négocier.

Retrait de la protection couvrant les nouveaux salariés
Aujourd’hui, un travailleur qui vient de commencer dans un lieu de travail doté d’une convention collective bénéficie automatiquement des conditions prévues par ladite convention, dès les 30 premiers jours de la relation d’emploi.

Cette disposition s’applique également aux travailleurs non-syndiqués. Elle les protège contre des conditions de travail et de rémunération inférieures à celles des autres travailleurs.

Or, le changement prévu obligera les travailleurs nouvellement embauchés à choisir tout de suite, ce qui les place en situation de vulnérabilité face aux employeurs et risque de les forcer à accepter une proposition inférieure.

Cela finira, à terme, par amoindrir les conditions de travail et de rémunération de tous.

En fait, le document du ministère recommandant ces changements, signé par le ministre du Travail, dit textuellement que ces derniers « permettront aux employeurs de proposer des conditions de travail et de rémunération inférieures à celles prévues dans la convention collective ».

Accords sectoriels réduits à néant
Les employeurs auront la possibilité de se retirer des négociations avec de multiples employeurs, ce qui met en péril les rares accords sectoriels négociés jusqu’à présent.

Grèves rendues plus difficiles

Les employeurs auront la possibilité de « taxer » les grèves. Si l’action de grève des travailleurs prend la forme d’un refus de mener à bien certains devoirs, l’employeur pourra soit calculer une déduction soit imposer une diminution salariale de 10 pour cent. En revanche, une telle pénalité ne s’applique pas aux employeurs qui imposeraient un lock-out partiel à leurs travailleurs.

Réduction des pauses repas et détente

La durée des pauses-détente ainsi que des pauses-repas pourra être spécifiée par l’employeur si tant est qu’une mesure compensatoire « raisonnable » est prévue.

Cette disposition sape le droit à des pauses suffisantes et constitue une menace à la santé et la sécurité des travailleurs.

Plus encore
De nombreux autres changements s’attaquent aux droits des travailleurs.

Par exemple, les petites entreprises qui remportent un appel d’offres ne seront plus obligées d’appliquer la protection relative aux transferts des travailleurs vulnérables ; le bref avantage des syndicats par rapport aux employeurs en matière du délai d’initiative d’une négociation collective sera supprimé ; un préavis écrit de grève sera dorénavant obligatoire, et dans les situations de licenciement économique, l’accès à l’information sera réduit.

Les syndicats néozélandais font campagne contre ce projet de loi.

Nous savons que le gouvernement tente de dépeindre les changements comme purement « techniques ».

Notre campagne mettra en avant l’effet que ce projet de loi aurait, s’il venait à être adopté, sur les salaires et les conditions de travail, la santé et la sécurité et les droits des travailleurs.

Mais elle ne se limitera pas à faire en sorte que la loi actuellement en vigueur ne soit pas amendée.

En effet nous savons que la loi sur les relations d’emploi est actuellement trop faible. Nous avons besoin d’une législation qui soutienne l’extension de la négociation collective dans des documents sectoriels plus nombreux.

La campagne comprendra des réunions et des débrayages, des rassemblements régionaux, du lobbying, elle créera une dynamique autour des soumissions, elle mettra en exergue des récits de travailleurs, et communiquera notre message à toute la population au sujet des répercussions des changements proposés et de la nécessité d’une meilleure législation propice à la hausse du niveau des salaires.

Cette campagne permettre de relier les amendements proposés de la loi sur l’emploi aux préoccupations généralisées en Nouvelle Zélande concernant la faiblesse des rémunérations accompagnée d’une inégalité croissante.

 

Pour une information plus détaillée (en anglais) : http://union.org.nz/whycutourpay