Ressources humaines ou êtres humains émancipés : à quoi prépare vraiment l’éducation ?

Ressources humaines ou êtres humains émancipés : à quoi prépare vraiment l'éducation ?

Against a backdrop of globalisation and fierce competition between economies, with automation, digitalisation and artificial intelligence for the masses moving ahead at full speed, which approach to education (without falling into dichotomies) is best suited to respond to these challenges?

(Nicolas Guyonnet/Hans Lucas via AFP)

Un professeur entre en classe et annonce à ses étudiants : « Vous devez vous procurer un exemplaire de cet annuaire téléphonique et en mémoriser le contenu. Mille pages ». Aussitôt, un étudiant en philosophie lui demande « pourquoi ? ». Un étudiant en sciences politiques lui répond « je ne suis pas d’accord » et commence à organiser une manifestation devant le bureau du professeur. Finalement, un étudiant en médecine lui demande « pour quand ? » Cette plaisanterie, aux dépens des très studieux étudiants en médecine, met d’une certaine manière le doigt sur l’un des talons d’Achille de l’éducation d’aujourd’hui : la pensée critique.

Comment, à quelles fins et dans quels contextes les jeunes générations sont-elles formées aujourd’hui ? Un problème récurrent (que de nombreux articles rassemblés dans ce dossier soulignent) est la mercantilisation croissante de l’éducation.

Celle-ci se traduit, en termes généraux, par un recul de l’éducation publique, une diminution des ressources qui lui sont consacrées, une concurrence accrue entre les établissements d’enseignement et un alignement croissant de ceux-ci sur les besoins des entreprises, ainsi que par l’ingérence progressive des technologies dans l’éducation. Cette mercantilisation relègue les valeurs humanistes au second plan, privilégiant la performance et la productivité (ou faisant de l’éducation un business, tout simplement). Une vision qui consiste à préparer les individus à occuper une place dans l’économie… au lieu de les émanciper et qui, en fin de compte, privilégie l’individu consommateur à l’individu citoyen.

Dans un contexte de mondialisation et de concurrence féroce entre les économies, d’automatisation et de numérisation menées tambour battant, auxquelles s’ajoute l’irruption de l’intelligence artificielle pour les masses, la question se pose de savoir quelle formule éducative, sans tomber dans le manichéisme, est la plus à même de répondre aux défis ?

Pour l’essayiste belgo-luxembourgeois Nicolas Hirtt, la réalité, de plus en plus présente, à éviter est celle où l’école préparerait le jeune étudiant à être « un travailleur adaptable, non en développant sa compréhension du changement, mais en brisant sa capacité de résistance au changement ». « L’éducation consiste à aider chaque individu à grandir, à donner à chacun la capacité d’explorer son potentiel, son talent, sa façon de penser », ainsi qu’à lui donner « l’expérience et la capacité de faire partie de la société, d’apprendre les valeurs de la culture dans laquelle il vit » et de trouver sa place dans la vie, souligne Martin Henry, coordinateur de recherche pour l’Internationale de l’éducation, interrogé par José Álvarez Díaz.

Sans surprise, le travail décent dans le secteur de l’éducation occupe également une place centrale dans le débat : que ce soit dans la Hongrie de Viktor Orbán ou la République du Niger d’avant le coup d’État, la précarité du métier d’enseignant désarme inéluctablement les étudiants.

Au-delà de ces visions antagonistes du monde de l’éducation, Equal Times se soucie également des contextes qui ont un impact sur l’éducation des enfants et des adolescents, qu’il s’agisse des conflits armés, qui prennent les écoles pour cible, ou de l’extrême pauvreté, qui pénalise tout particulièrement les filles.

La rédaction vous propose de lire ou relire, durant la pause estivale, cette sélection d’archives composées d’articles consacrés à l’éducation qui mettent en lumière les contradictions latentes, mais aussi la résilience des enseignants, tout en invitant à la réflexion et proposant des alternatives.

Futur de l’éducation : obsédés par les notes et les résultats, négligeons-nous ce qui compte le plus pour les élèves ?

Par José Álvarez Díaz

Students at a private primary school prepare for the start of classes in a high-income neighbourhood in the Pudong district of Shanghai, China.

Photo: José Álvarez Díaz

[…] « Il est vrai que les politiques éducatives et les modèles de gestion fondés sur le marché sont devenus communs dans les années 1990 à la suite de ce que l’on appelle la “Nouvelle gestion publique” en Angleterre, aux États-Unis et dans une grande partie du reste de l’Occident. Elle repose sur une logique de marché très simple : la qualité des écoles s’améliorera si les parents ont la possibilité de choisir la meilleure école disponible pour leurs enfants. »

Et ce libre choix de l’école implique que, plutôt que de collaborer au sein d’un système commun, les écoles se font mutuellement concurrence pour obtenir des élèves, ce qui donne aux écoles une plus grande autonomie pour se différencier, et, dans le même temps, la nécessité pour les écoles de démontrer leurs propres performances et celles de leurs élèves afin de pouvoir être comparées et apparaître comme plus attrayantes. […]

Lisez l’article complet ici

Qello ou le labeur quotidien d’une adolescente éthiopienne

Par Ignacio Marín

18.00 in the evening: at the end of the day, when she has finally finished all her chores, Qello finds some time to study and do her homework, by the light of a small lantern.

Photo: Ignacio Marín

[…] En Éthiopie, l’accès à l’éducation est un défi particulièrement ardu pour les filles, car elles sont confrontées à toutes sortes d’obstacles. Dans le pays, on ne dénombre en moyenne que 70 filles pour 100 garçons dans l’enseignement secondaire. En effet, dans de nombreux cas, les familles ne considèrent pas l’éducation des filles comme utile et elles donnent la priorité à l’éducation de leurs fils : lorsqu’elles n’ont pas les moyens de payer l’éducation des deux, les filles sont les premières à abandonner les études.

Dans d’autres cas, la pauvreté et l’absence d’alternatives économiques signifient que de nombreuses familles sont contraintes de donner leurs filles en mariage, car elles ne peuvent de toute façon plus subvenir aux besoins de ces dernières. Une sécheresse ou une année de mauvaises récoltes peut donner lieu à un mariage. […]

Lisez l’article complet ici

Détruire l’avenir : quand l’école devient une cible de guerre

Par Ethel Bonet et Diego Ibarra Sánchez

Millions of children’s basic rights to protection and education are violated around the world. Portrait of 14-year-old Darija Nikolajenko in front of what is left of her school, which was shelled by Russian forces on 3 March 2022. 27 September 2022, Chernihiv, Ukraine.

Photo: UNICEF/Diego Ibarra Sánchez

[…] Les attaques contre les écoles dans des contextes de conflits armés participent d’une tendance croissante et alarmante dans le monde entier. En 2020 et 2021, plus de 5.000 attaques contre l’éducation et autres incidents liés à l’utilisation militaire des écoles ont été recensés, entraînant des dommages, mais aussi la mort de pas moins de 9.000 élèves et éducateurs. En moyenne, six attaques contre l’éducation ou incidents d’utilisation militaire ont eu lieu chaque jour.

De l’Afghanistan au Yémen, en passant par la Syrie, le Sud-Soudan, le Mali, la République démocratique du Congo, l’Ukraine et la Colombie, « l’une des règles les plus fondamentales de la guerre est bafouée : la protection des enfants », souligne UNICEF. […]

Lisez l’article complet ici

Quel sera l’impact de l’intelligence artificielle sur l’éducation ?

Par José Álvarez Díaz

The growing popularity of artificial intelligence (AI) software, capable of generating images, sound and even text in a matter of seconds, is opening up a debate on technological transformation. In this February 2023 image, a teacher in A Coruña, Spain, gives a lesson in a classroom where technology, for the time being without artificial intelligence, is ubiquitous.

Photo: José Álvarez Díaz

[…] « Ne cédez pas à la panique, même si des changements seront nécessaires », déclare à Equal Times Rose Luckin, chercheuse au Knowledge Lab de l’University College London (UCL) et professeure de conception centrée sur l’apprenant à l’Institut de l’éducation de cette université. « Certains systèmes éducatifs sont mieux équipés que d’autres pour permettre aux apprenants de cohabiter avec l’IA et, en fait, d’en tirer profit », déclare Mme Luckin, une experte de premier plan concernant l’impact de l’IA sur l’éducation.

Dans cette optique, « les systèmes qui se concentrent sur l’apprentissage de données concrètes et l’évaluation de la capacité des étudiants à traiter l’information, à s’en souvenir et à la reproduire ne les préparent pas bien à un futur lieu de travail où ce type de compétences sera fourni par des systèmes d’IA ». […]

Lisez l’article complet ici

This article has been translated from Spanish by Charles Katsidonis