Les dockers européens jurent de combattre la libéralisation « à la dérobée »

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Les syndicats des travailleurs portuaires ont juré de lutter contre la libéralisation projetée des ports européens et ont mis les gouvernements en garde contre l’adoption de propositions qui érodent des droits durement acquis par les travailleurs, le recours croissant à la main-d’œuvre occasionnelle et l’affaiblissement des normes de sécurité.

« Une libéralisation de ce genre ne sera pas tolérée par le mouvement international des dockers ».

Dans un secteur d’activités mondial, le respect des règles et des droits syndicaux est un problème mondial, pas seulement national ou régional », a affirmé Paddy Crumlin, président de la Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF) et président de la Section des dockers de l’ITF.

 

Les dockers sont préoccupés par l’intention de certains gouvernements européens d’imposer une libéralisation « à la dérobée », à l’instar des projets de directive européenne « paquet portuaire » bloqués à deux reprises, en 2003 et 2006, grâce à l’action syndicale.

« Nous avons réussi à les bloquer et nous les bloquerons encore cette fois », a promis Terje Samuelsen, président de la section des dockers de la Fédération européenne des ouvriers du transport.

Deux tiers, en termes de valeur, du commerce extérieur européen transite par les ports du continent.

 

Les syndicats des dockers ont mobilisé des manifestations et des grèves massives qui ont entraîné la fermeture de ports partout en Europe et fini par persuader le Parlement européen de rejeter les deux paquets portuaires précédents proposés par l’organe exécutif de l’UE.

La Commission européenne planche, à présent, sur une nouvelle initiative en matière de législation portuaire pour 2013 et les syndicats ont d’ores et déjà annoncé qu’ils se mobiliseront pour bloquer, à nouveau, des propositions qui nuisent aux droits des travailleurs portuaires.

L’avertissement a été lancé à l’issue d’une conférence de la Commission européenne sur la politique portuaire européenne, le 25 septembre.

S’adressant à la conférence, le commissaire européen au Transport, Siim Kallas, a laissé entendre que les nouvelles propositions viseront, une fois de plus, à libéraliser les régimes de travail portuaire, au nom d’une efficacité accrue.

Selon lui, « Les nombreux goulets d’étranglements qui existent aujourd’hui sont généralement attribuables au manque d’efficacité et parfois aussi à des régimes sociaux restrictifs et non compétitifs en vigueur dans les ports ».

« Il est d’une importance capitale que les ports sachent faire face, efficacement et globalement, à la concurrence de leurs compétiteurs, au nord comme au sud de l’Union européenne. »

 Kallas a ajouté que la Commission s’efforcerait de trouver un compromis qui procure « des garanties adéquates de protection sociale », qui assure que les ports emploient uniquement du personnel qualifié et qui empêche le dumping social.

Il a, toutefois, aussi clairement laissé entendre qu’une nouvelle tentative de libéralisation était en marche.

« S’agissant des enjeux de l’emploi… certaines des pratiques sont extrêmement restrictives et équivalent, de fait, à un « club fermé » où les prestataires de services ne peuvent pas employeur le personnel de leur choix », a-t-il dit à la conférence.

« Ces pratiques sont restrictives et conduisent à des monopoles et à la montée des prix. »

L’ETF craint que les autorités européennes ne tentent de suivre l’exemple du Portugal, où les dockers ont organisé une série de grèves et de manifestations contre les plans sociaux et les compressions introduits dans les ports suite à l’accord de sauvetage souscrit avec le Fonds monétaire international et l’Union européenne.

« Le Portugal peut être considéré comme un laboratoire pour la politique portuaire européenne », a averti Samuelsen lors de la table ronde maritime de l’ITF à Casablanca.

« Plusieurs mesures proposées par le gouvernement portugais s’accordent en tous points avec les propositions qu’il faut s’attendre de voir surgir à travers l’Europe. »

Aux quatre coins de l’Europe, les dockers ont procédé à des arrêts de travail en solidarité avec les grévistes portugais.

D’après la Commission européenne, des règles paneuropéennes sont nécessaires en raison de la grande diversité de régimes sociaux qui caractérise les ports européens et fausse la compétitivité entre eux.

 Huit des 27 pays membres de l’UE, seulement, ont ratifié la Convention de l’Organisation internationale du travail de 1973 sur le travail dans les ports, qui engage les signataires à assurer aux dockers un emploi permanent ou régulier et à privilégier l’accès à l’emploi des dockers immatriculés.

Neuf pays seulement ont ratifié la Convention de l’OIT sur la sécurité et l’hygiène dans la manutention portuaire (1979).

Les syndicats des dockers craignent que toute tentative d’harmonisation paneuropéenne de la législation n’entraîne un nivellement par le bas des droits et des normes.