« C’est un programme ambitieux — mais le monde compte sur nous »

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Le congrès d’une semaine du plus grand mouvement démocratique international s’est achevé vendredi par la réélection de Sharan Burrow en tant que secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale (CSI) qui représente 176 millions de travailleurs de par le monde.

Les organisations syndicales se sont par ailleurs engagées à accroître les effectifs syndicaux, à soutenir l’établissement d’un salaire minimum vital et à poursuivre la lutte contre l’esclavage moderne. Dans le même temps, les délégués ont adopté des résolutions sur la Turquie — à la suite de la catastrophe minière de Soma — et sur la Thaïlande — où les forces armées se sont emparées du pouvoir lors d’un coup d’État le 22 mai.

En outre, le Conseil général a mis en place une nouvelle structure sous-régionale pour soutenir la création de syndicats démocratiques et indépendants dans la région arabe.

Sharan Burrow, qui a obtenu 87 % des suffrages par rapport à son concurrent, Jim Baker, actuellement à la tête du Conseil des Global Unions, continuera donc de diriger la CSI jusqu’en 2018.

João Antonio Felicio (CUT, Brésil) a été élu à la présidence de la Confédération et remplace ainsi Michael Sommer qui quittera l’année prochaine la CSI et la confédération allemande DGB qu’il dirige depuis 12 ans.

Karl-Petter Thorwaldsson (LO, Suède) et María Fernanda Carvalho Francisco (UNTA, Angola) ont tous deux été élus en tant que vices-présidents et Jaap Wienen ainsi que Wellington Chibebe ont préservé leur mandat de secrétaire général adjoint.

Lors du Congrès, les organisations syndicales se sont engagées à organiser 27 millions de nouveaux membres d’ici les quatre années à venir et à en finir avec les salaires de misère le long des chaînes d’approvisionnement des entreprises multinationales.

Les syndicats sont aussi convenus de poursuivre la campagne visant à éradiquer le travail forcé, à l’instar de l’action syndicale mondiale relative au Qatar, et de réclamer un accord ambitieux lors du Sommet sur le changement climatique qui se tiendra à Paris en décembre 2015.

À l’annonce de sa réélection, Sharan Burrow s’est adressée aux délégués : « Ce n’est pas un vote pour une personne, mais bien pour un programme destiné à renforcer le pouvoir de la main-d’œuvre mondiale.

Avant ce Congrès, les travailleuses et les travailleurs du monde entier nous avaient donné un programme. Ils voulaient des emplois sûrs et un salaire minimum décent. Ils voulaient que le pouvoir des entreprises soit maîtrisé. Ils voulaient être entendus.

C’est un programme ambitieux, mais en travaillant ensemble, localement et mondialement, nous y parviendrons. Le monde compte sur nous.  »

 

Le pire patron au monde

Alors que Sharan Burrow célébrait son nouveau mandat de quatre ans, un autre dirigeant remportait une élection nettement moins flatteuse.

En effet, le jeudi 22 mai, Jeff Besos, PDG du géant américain du commerce électronique Amazon, a été désigné comme « pire patron au monde ».

Plus de 20.000 votes ont départagé neuf PDG choisis pour leurs atteintes aux droits des travailleurs, leurs infractions aux lois nationales et leurs manœuvres d’évasion fiscale.

Jeff Bezos a remporté le scrutin à 22 %, suivi de près par Rupert Murdoch, président et PDG de News Corp, et par le dirigeant d’une importante compagnie aérienne du Golfe qui ne peut être nommé pour des raisons légales.

C. Douglas McMillon, de Wal-Mart, et Ivan Glasenberg, de Glencore Xstrata, figuraient également au nombre des candidats.

La société Amazon peut être incriminée à tous les niveaux, de l’évasion fiscale au recours intensif aux contrats de travail temporaires, en passant par des conditions de travail draconiennes aux centres de distribution en Europe et aux États-Unis.

« Jeff Bezos représente l’inhumanité des employeurs qui prônent le modèle d’entreprise américain », a déclaré Sharan Burrow lors de la conférence de presse annonçant le vainqueur du sondage sur le pire patron au monde.

« Notre message aux grandes entreprises est “Arrière, vous n’allez pas maltraiter les travailleurs !”  ».

Le jour même où Jeff Besos remportait ce titre, Amazon annonçait son intention d’acquérir 10.000 robots d’ici 2015 pour travailler dans ses centres de distribution.

Pour Sharan Burrow, cette annonce prouve que Jeff Bezos mérite bien son titre de pire patron au monde.

« En Allemagne, Amazon traite ses travailleurs comme s’il s’agissait de robots et d’ailleurs, la société ne cache pas son intention, d’ici quelques années, de remplacer son personnel par des machines. Amazon est une riche entreprise américaine, présente dans le monde entier, méprisant la dignité et les droits de la main-d’œuvre.  »

Cet article a été traduit de l'anglais.