Pays-Bas : Les travaillistes en tête des sondages avec un programme anti-austérité

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Après près de deux ans d’un gouvernement libéral-conservateur soutenu par l’extrême droite, les Pays-Bas semblent fin prêts à négocier un virage à gauche aux élections de ce mercredi.

Dans les derniers jours de la campagne électorale, le Parti du travail (PvdA) s’est trouvé propulsé en tête des sondages suite à une série de débats télévisés remportés haut la main par son leader, Diederik Samsom.

[caption id="attachment_1259" align="alignnone" width="530"] Posters de la champagne au centre d’Amsterdam (AP Photo/Margriet Faber) 

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Samsom, 41 ans, présente un parcours atypique. Ancien physicien nucléaire, il a été, tour à tour militant de Greenpeace et entrepreneur en énergies renouvelables.

Son style détendu et affable, outre son engagement à tempérer toute tentative de contrôle du déficit budgétaire démesuré par des initiatives axées sur la relance d’une économie néerlandaise en stagnation lui ont valu la sympathie de l’électorat.

« Leur campagne a été très nettement centrée sur l’investissement dans l’emploi et dans l’économie et a moins mis l’accent sur la réduction des dépenses dans le secteur public. Et c’est ce qui fera toute la différence », explique Catelene Passchier, membre du conseil exécutif de la FNV, la plus importante confédération syndicale des Pays-Bas.

Aux derniers sondages, les travaillistes rivalisent pour une première place au parlement avec le Parti populaire pour la liberté et la démocratie (PVV) du Premier ministre sortant, Mark Rutte, de tendance néolibérale. Plus à gauche, le Parti socialiste amorce un retour vers le centre de la vie politique néerlandaise et pourrait arracher une troisième place.

Avec pas moins de 12 partis susceptibles de remporter des sièges au parlement, écartant par-là toute probabilité d’une majorité absolue, il faut s’attendre à de longues semaines de négociations avant qu’un gouvernement de coalition ne puisse être formé.

La nouvelle administration sera appelée à s’attaquer à des problèmes économiques des plus pressants. Bien qu’ils soient loin de la situation désastreuse des pays du sud de l’Europe, les Pays-Bas devraient néanmoins entrer en récession dans le courant de l’année. Le prix de l’immobilier a plongé, cependant que le chômage a dépassé la barre des 6% - se rapprochant des niveaux du milieu des années 1990.

Le PVV et d’autres partis de centre-droite se sont engagés à réaliser des coupes budgétaires à hauteur de plusieurs milliards d’euros, pour réduire rapidement le déficit budgétaire depuis son niveau actuel de 4,4 pour cent du PIB à l’objectif de 3 pour cent fixé par l’Union européenne.

Les travaillistes envisagent, quant à eux, une approche plus graduelle. Ils avertissent que les mesures de rigueur drastiques proposées par la droite étoufferont tout espoir d’un redressement, intensifieront les suppressions d’emploi et soumettront les services publics à des souffrances inutiles.

« J’introduirais des mesures qui garantissent une distribution plus équitable du coût de cette crise », a déclaré Samsom ce samedi dans le quotidien Volkskrant.

 « D’autres aspects importants requerront plus de temps pour produire des résultats : L’investissement dans l’éducation, les technologies durables, la réforme du marché du logement. »

Le Parti Socialiste, de tendance plus radicale, propose de s’attaquer au déficit budgétaire moyennant des taxes accrues, une réduction du budget de la défense et l’atermoiement des contributions à l’UE.

Trouver un consensus qui permette aux partis de tomber d’accord sur la formation d’un gouvernement opérationnel s’avérera difficile et même les syndicats ont été divisés quant au rythme et à la direction de la réforme économique.

La plupart des analystes prédisent, toutefois, que les mathématiques électorales obligeront le Parti du travail (PvdA) et les libéraux de l’ancien Premier ministre Rutte (PVV) à composer, ensemble, une coalition avec des plus petites formations centristes.

« Pour nous, il est extrêmement important de parvenir à l’une ou l’autre forme de coalition de centre », a confié Catelene Passchier à Equal Times. « Nous préférerions une coalition de centre fortement positionnée vers la gauche mais, quoi qu’il en soit, nous constatons que tous les partis sérieux, à l’exception de l’extrême droite, veulent voir les partenaires sociaux jouer un rôle important dans la recherche de solutions aux problèmes du pays. »